ANAIS LAMESA – La Pentecôte: exemple d’exportation iconographique

La Pentecôte : exemple d’exportation iconographique de la capitale vers sa périphérie, la Cappadoce.
Anaïs Lamesa (EPHE, 5e section)

La Pentecôte est un thème iconographique ancien qui est attesté au VIe siècle sur les ampoules de Monza ou dans le manuscrit syriaque de Rabulae Plut. I, 56 de la Bibliothèque Médicean-Laurentian. Ces premières représentations ne sont pourtant pas des prototypes puisque seuls quelques éléments iconographiques permettent d’identifier la scène. Il faudra attendre le IXe siècle et la commande du Paris. graec. 510 des Homélies de Grégoire de Nazianze pour voir se dessiner l’iconographie dite « classique » de la scène. Dans cette représentation, l’image d’un référent monumental est indéniable et semble avoir été prise comme modèle, laissant penser que le miniaturiste s’est inspiré d’une représentation existante pour réaliser son œuvre. Nous présenterons à cette occasion l’œuvre de référence de cette miniature et les éléments, pour certains inédits, qui permettent de l’affirmer. Nous définirons ainsi l’iconographie « développée » de la scène.

La scène de la Pentecôte est attestée dès le début du Xe siècle en Cappadoce, région frontalière de l’Empire. Elle se présente sous une forme simple jusqu’au milieu du siècle, quand apparaît l’aspect « développé » ou classique de notre type iconographique.

Ces nouvelles représentations de la Pentecôte en Cappadoce, apparaissant au milieu du Xe siècle, sont-elles issues du centre artistique qu’est Constantinople ? Par quels moyens ce type iconographique évolue t-il au sein des églises de la région ? Comment retracer son parcours entre la capitale et la Cappadoce ? Sa disparition à la fin du XIe siècle illustre le lien privilégié entre Constantinople et la Cappadoce aux Xe et XIe siècles. Nous pouvons ainsi mettre en valeur à partir de l’étude d’un thème iconographique les relations que pouvaient avoir un centre artistique et sa périphérie.

DIMITRA MASTORAKI – Le rapport de Judas Iscariote avec l’argent et le démon à travers les images byzantines et post- byzantines

Le rapport de Judas Iscariote avec l’argent et le démon à travers des images byzantines et post-byzantines. Interrogations sur leur valeur symbolique. Dimitra Mastoraki (Université Paris I Panthéon-Sorbonne)

Judas apparaît essentiellement dans des scènes reliées au cycle de la Passion mais aussi dans la Communion des Apôtres ainsi que dans le Jugement Dernier. D’autres lui sont propres : le Contrat avec les juifs, le Repentir, le Suicide.

Sa physionomie, ses attributs ses mouvements et son contact avec les autres, voire avec le Christ, sont abordés en rapport avec les sources écrites et certains exemples de l’iconographie occidentale. Une telle étude mène à des conclusions intéressantes sur la fonction de sa figure dans le cadre religieux de l’époque concernée. D’ailleurs, cette dernière n’est uniforme ni dans le temps, ni dans l’espace.

MARIA KANAVA – Les passions des saintes femmes

Les Passions des saintes femmes. Modèles de sainteté.
Maria Kanava (EPHE, Ve section)

Le but principal de cette recherche est un examen approfondi des textes de la littérature hagiographique, et plus particulièrement de ceux qui traitent de la Passion des Saintes Femmes. Nous pouvons présenter un corpus d’environ cent vingt textes relatifs à la femme martyre de l’époque protobyzantine. On se trouve face à une riche production littéraire dans laquelle la femme est mise en scène soit comme protagoniste, soit aux côtés d’un autre martyr homme.

Plus précisément cette recherche emprunte deux directions principales : l’une concerne la typologie des textes – par rapport au sujet du récit du document hagiographique – et l’autre la typologie de la sainteté – par rapport aux catégories des saintes eux-mêmes.

ROSA BENOIT-MEGGENIS – L’autorité impériale dans les grands monastères de province

L’autorité impériale dans les grands monastères de province (IXe-XIIe siècles).
Rosa Benoit-Meggenis (Université Lumière Lyon II)

Entre le IXe et le XIIe siècle, le pouvoir impérial byzantin joua un rôle déterminant dans le destin des grandes fondations monastiques en leur accordant des privilèges fiscaux et une protection constante face aux empiètements de l’administration et des évêques. Dans les monastères dits impériaux, dont il convient de préciser le statut juridique, l’empereur bénéficiait d’un droit de patronage qui lui conférait une autorité étendue : il contrôlait l’élection de l’higoumène, pouvait utiliser certains bâtiments comme lieu de résidence ponctuelle ou comme prison politique et disposer librement d’une partie des revenus de ces établissements. Les moines devaient aussi à l’empereur certaines obligations que l’on peut comparer aux services dus en Occident par les monastères royaux aux souverains carolingiens et ottoniens. Ainsi, à Byzance, les monastères impériaux de province pouvaient être astreints à des obligations de fournitures militaires. L’empereur pouvait intervenir dans la vie des moines en leur prodiguant ses recommandations, solliciter leurs higoumènes et leurs principaux officiers pour qu’ils lui apportent leurs conseils ou qu’ils effectuent des missions diplomatiques. Concrète dans les monastères de la capitale, la présence de l’empereur était manifestée, dans les monastères de province, par des attributs de son autorité, tels le bâton d’investiture impériale conservé dans le katholikon. L’iconographie, les icônes et la vaisselle liturgique offertes par l’empereur, la mention de son nom dans les diptyques, étaient autant de reflets de l’exercice de son autorité.

SIMON FORD – L’étrange affaire d’Omboi

L’étrange affaire d’Omboi : réinterprétation du papyrus P. Cairo. Masp. 67004 dans le contexte des relations entre le centre et la périphérie de la Thébaïde du VIe siècle ap. J.-C.
Simon Ford (Université d’Oxford)

L’intention de cette communication est de reprendre les problèmes d’interprétation existants en analysant une pétition apparemment exceptionnelle contenue dans le P. Cairo. Masp. 67004, dans le contexte de l’interaction entre le centre et la périphérie : cela souligne sa valeur à la fois comme document original et comme source historique. En replaçant les questions que soulève le document dans le contexte historique de l’administration provinciale du VIe siècle ap. J.-C., nous chercherons à tirer des conclusions concernant les mécanismes rhétoriques et institutionnels par lesquels les provinciaux demandaient réparation aux autorités centrales.