SVETLANA SOBKOVITCH – Préfigurations mariales dans l’art byzantin avant l’époque paléologue

Préfigurations mariales dans l’art byzantin avant l’époque paléologue.
Svetlana Sobkovitch (EPHE, 5e section)

Fréquente dans la peinture monumentale des derniers siècles de Byzance, la représentation des figures vétérotestamentaires de l’Incarnation est pourtant déjà présente dans l’art des époques précédentes. Comme l’a démontré suite à l’hypothèse de N. Belyaev O. E. Etingof, les bases de cette prolifération sont préparées au 9e – 12e siècle, avec des exemples de la représentation des « types » marials dans les supports variés.

Le mécanisme de la représentation typologique basé sur l’association des scènes des deux Testaments est ainsi établi à l’époque post-iconoclaste, dans les psautiers à l’illustration marginale de la seconde moitié du 9e siècle. Les modèles iconographiques des scènes typologiques tardives se basent également sur les schémas élaborés dans les œuvres médiobyzantines, dont les manuscrits et les icônes.

Ancrées dans l’exégèse, les iconographies en question sont présentes avant tout dans ces supports destinés à un public intellectuel, restreint. Cependant, l’association des figures et des paroles prophétiques à la représentation de la réalisation néotestamentaire de ces oracles se trouve aux époques de l’avant les Paléologues tant dans les supports « savants », tels que les manuscrits et les icônes, que dans les décors monumentaux.

SEVTLANA SOBKOVITCH – Tradition artistique byzantine et la Russie ancienne

Tradition artistique byzantine et la Russie ancienne : les icônes de la Dormition.
Svetlana Sobkovitch (EPHE, 5e section)

La Russie ancienne entretint avec Byzance des liens variés, pourtant souvent coupés par des conflits. Il y avait cependant un lien particulièrement stable, celui du domaine du sacré. Dans son art religieux notamment, la Russie suivit les modèles reçus de Byzance et se nourrit de ses influences tout au long de son histoire. Parallèlement, l’éloignement et les coupures dans les relations rendirent possible l’apparition dans l’art russe d’éléments locaux.

Les premières images sacrées connues en Russie suivent de près les images byzantines ; ces œuvres sont soit importées soit créées sur place par des maîtres invités. C’est dans le travail des élèves russes de ces artistes étrangers qu’apparaissent avec le temps des traits originaux. Les influences byzantines se ressentent néanmoins toujours, jusque dans les œuvres les plus tardives ; on peut suivre cette tendance à travers un ensemble d’icônes de la Dormition de la Vierge.

Les premières icônes russes de la Dormition, datées des XIIIe-XIVe siècles, ont ainsi peu de spécificités locales mais ressemblent fort aux œuvres byzantines. Au tournant des XIVe et XVe siècles apparaissent des éléments distinctifs de la peinture russe : iconographie concise, sans détails superflus, palette claire, vive. Dans certaines œuvres de la même époque, on distingue pourtant des traits qui renvoient aux développements observés à cette période dans l’art byzantin, dont la multiplication des détails et le dramatisme des expressions. Après 1450, apparaît une iconographie de la Dormition spécifique à Russie, c’est-à-dire complétée par l’épisode de l’Assomption. Cependant, même ces œuvres tardives ne s’éloignent pas du modèle byzantin.

On notera enfin l’inégalité de la réception de ces influences en Russie. A Novgorod, ville lointaine du Nord, la peinture est d’un caractère plus original, « local » ; les goûts qui y prédominent sont plus populaires. Autre grand foyer artistique, Moscou fut une ville princière avec davantage de liens avec le monde byzantin ; sa peinture est souvent plus sophistiquée, élaborée et suit de plus près les développements dans l’art de Byzance. Ces influences furent enfin aussi très variées, provenant tant de la capitale et des villes majeures byzantines que des provinces de l’empire.