Allocation doctorale – Université d’Angers

Appel à candidature pour une allocation doctorale à 100% pour une durée de trois ans (Région Pays de la Loire/Université d’Angers avec prise d’effet au 1er septembre 2016)

 

Intitulé de la thèse  

« Le monastique face au politique : émergence d’un nouveau modèle de pensée du pouvoir d’après les auteurs d’Histoires ecclésiastiques du Ve siècle »

Établissement d’enseignement supérieur où sera inscrit le doctorant

Université d’Angers

École doctorale

ED SCE (Sociétés, Cultures, Echanges), future ED STT (Sociétés, Temps, Territoires)

Laboratoire où s’effectuera la thèse :  

CERHIO (CEntre de Recherches HIstoriques de l’Ouest)  

UMR CNRS 6258

 

Description du sujet de la thèse

Cette recherche se concentrera sur l’un des aspects les plus novateurs et les plus remarquables de l’historiographie tardo-antique : l’introduction du monachisme au sein des thèmes principaux abordés par un genre caractéristique de l’Antiquité tardive,  les Histoires de l’Eglise.

Il s’agit en effet d’un tournant capital en matière d’interprétation de l’histoire chrétienne, du phénomène monastique et de l’histoire politique, en Orient romain tout spécialement. Ce processus permet une légitimation réciproque du monastique et du politique, non sans contestation, refus et résistance, qui signalent l’importance des rapports de force à l’œuvre. Les sources susceptibles de mieux le mettre en évidence sont bien les Histoires de l’Eglise. Car ce genre, sans altérer ses traits propres, se montre suffisamment souple pour intégrer le monachisme comme l’une de ses principales composantes alors même que son fondateur, Eusèbe de Césarée (v. 260-340) ne lui accordait guère de place dans son Histoire ecclésiastique poussée jusqu’en 324. Un siècle plus tard, ses continuateurs, en premier lieu les auteurs de trois récits synoptiques grecs (Socrate, Sozomène et Théodoret de Cyr) sont témoins de la  croissance extraordinaire du phénomène ascétique tant sur le plan numérique que géographique. En conséquence, ils l’intègrent tous les trois dans le traitement narratif de leurs données. Mais ils ne font pas que le constater : ils  consacrent de la sorte une évolution majeure. Mieux, ils en font aussi une clef d’interprétation volontiers utilisée pour révéler par contraste l’importance de la menace hérétique et la manière de la combattre. Par-delà cette caractéristique commune, nos trois auteurs présentent toutefois une intelligence différenciée des apports du monachisme à leur compréhension de l’histoire.

Cette étude permettra donc de mettre en perspective des dynamiques spécifiques de l’Empire romain, en misant sur l’apport interdisciplinaire (en dialogue avec la géographie notamment) en raison même de l’interaction nouvelle entre monastique et politique. Elle s’enrichira également de l’analyse de ses différentes interprétations indiquées ci-dessus comme d’autant d’élément de discours adressés aux hommes de pouvoirs (perçus d’une façon remarquablement plurielle puisque le charisme des renonçants interroge l’autorité des détenteurs de la fonction institutionnelle suprême). Elle offrira l’occasion d’une nouvelle approche des trois synoptiques, grâce à une parfaite compréhension de la langue et une maîtrise précise des outils et travaux bibliographiques, ainsi que des bases de données nouvelles (on pense à « Late Antique Historiography » mise en ligne par l’Université de Gand). En effet, jusqu’ici les recherches consacrées aux histoires ecclésiastiques de Socrate, Sozomène et Théodoret, n’ont pas fait de ce sujet le cœur de leurs  investigations. Pourtant une telle entreprise s’avère indispensable, pour mieux comprendre comment a été produite l’étonnante figure du souverain tardo-antique puis celle de son successeur byzantin. Il s’agit encore par ce travail exigeant de déconstruire l’anachronisme des descriptions et interprétation césaropapistes (concept formé au XVIIIe siècle et dont les ravages continuent à se manifester comme l’a bien pointé le regretté G. Dagron). Bien plus, la thèse ainsi énoncée est susceptible de faciliter une meilleure compréhension des processus socio-culturels en fonction desquels les modifications évoquées ont pu être pensées et susciter une série de conséquences. Bref, ce travail doctoral aura pour but de mettre en évidence comment le rôle des moines a transformé le lien entre expression du pouvoir et réception dans les différents cercles susceptibles de fabriquer et de médiatiser le sens politique commun.

 

Profil

Historien(ne) de formation, qualifié par ses travaux de master 1 puis de master 2 ou équivalent dans le domaine de l’Empire romain tardo-antique et du christianisme ancien, la/le candidat(e) sera doté(e) d’une solide connaissance historiographique et d’une compétence éprouvée en langues anciennes (en grec particulièrement). Il/elle devra aussi montrer de réelles aptitudes en langues étrangères (anglais, italien, allemand) et une faculté à s’insérer avec aisance dans l’organisation et la réalisation des travaux de recherche collectifs (journées, d’études colloques, publications).

Pièces à fournir

  • CV + Lettre de motivation ;
  • Relevé de notes de M1 et M2 ; classement M1 et M2

Envoyer votre candidature avec les documents demandés par voie postale avant le 28 juin 2016 (le cachet de la poste faisant foi) à l’adresse suivante

  • Philippe Blaudeau, Professeur d’Histoire romaine,
  • Université d’Angers/CERHIO (UMR 6258)
  • Maison de la Recherche Germaine Tillion
  • 5 bis, bd Lavoisier 49045 Angers cedex 01 (France)

A l’issue de la sélection sur dossiers, une audition sera organisée avant la mi-juillet. Les personnes retenues seront prévenues par mail du lieu et de la date de celle-ci.