WOZNIAK MAGDALENA – Rayonnement de Byzance: le costume royal de Nubie

Rayonnement de Byzance : le costume royal en Nubie (Xe-XIe s.)
Magdalena Wozniak, Université Paris IV-Sorbonne.

Dans un ouvrage éponyme publié en 2006, Tania Velmans a démontré l’appartenance de la Nubie à l’aire d’influence byzantine, même si cette région « se distingue par un langage plastique à part ». Une démonstration qui n’est somme toute pas surprenante au regard du rôle joué par Byzance dans l’évangélisation de la Nubie au VIe s.

La présente communication a pour objet d’étude le costume royal à travers le portrait de Zacharias III (moitié du Xe s.) et deux portraits de son successeur, Georgios III (fin Xe s.). Dans l’ensemble, les deux souverains portent un costume inspiré de la mode byzantine, composé de robes superposées, recouvertes d’un manteau attaché sur l’épaule droite. Cependant, l’observation plus détaillée des peintures démontre le caractère plus « archaïque » du portrait de Zacharias III dont les vêtements semblent se référer davantage à la mode byzantine des VIe –VIIe s.

L’analyse des attributs royaux, en particulier la couronne, apporte également des conclusions inattendues : à contre-courant de l’idée généralement acceptée d’une imitation de l’iconographie impériale byzantine par la monarchie nubienne, il apparaît que la couronne portée par le roi à la fin du Xe s. n’a pas le caractère impérial qu’on lui attribuait jusqu’ici. L’étude de la titulature royale confirme également les limites de l’influence byzantine en Nubie et invite à reconsidérer non seulement la nature des relations entre les deux entités mais également les limites chronologiques de ces contacts.

MERAT AMANDINE – La broderie dans l’Egypte antique

La broderie dans l’Égypte antique, de l’époque romaine à l’époque arabe. Étude technique et iconographique. Influences, échanges et diffusion au sein du bassin méditerranéen
Amandine Merat, École du Louvre.

 

Parmi les témoignages archéologiques retrouvés sur le territoire égyptien, les textiles constituent une source précieuse d’informations, et sont à nouveau placés, depuis plusieurs années, au cœur des considérations scientifiques, comme en attestent les nombreuses associations et journées d’études françaises et internationales qui leur sont consacrées. Si certaines techniques, telles que la tapisserie, ont d’ors et déjà été abondamment étudiées, d’autres en revanche sont toujours mal connues, à l’image de la broderie, sur laquelle les publications et les recherches menées restent encore, à ce jour, rares et ponctuelles. De tels constats mettaient naturellement en évidence l’importance et la nécessité de réaliser une étude globale et approfondie sur ce sujet, auquel j’ai choisi de consacrer ma thèse, engagée depuis fin 2010, dans le cadre d’un Troisième Cycle à l’École du Louvre.

Cette présentation de mon sujet de doctorat, faite lors des Ves Rencontres internationales des doctorants en études byzantines, a été pour moi l’occasion d’exposer les enjeux et les objectifs aussi divers que variés de cette thèse (reconstitution d’une histoire technique, sociale, économique et culturelle de la broderie égyptienne antique ; repositionnement de l’Égypte vis-à-vis des autres cultures du Proche-Orient et du Bassin Méditerranéen dans la production de broderies durant l’Antiquité ; réalisation d’un catalogue raisonné des broderies égyptiennes antiques connues à ce jour, ainsi que d’une base de données informatique, …), ainsi que la démarche de recherche mise en œuvre afin de mener ce projet à bien (études techniques et iconographiques réalisées sur les pièces conservées dans les grandes institutions françaises et européennes ; tableaux et base de données recensant les broderies répertoriées et/ou étudiées ; bibliographie,  …).

TERRYN REMI – Autour de la « production artistique de Kastoria »

Autour de la « production artistique de Kastoria » :
les monuments peints de la fin du XVème siècle
Rémi Terryn, École pratique des hautes études.

 

Le but de cette communication était de mettre en lumière un groupe d’églises peintes à la fin du XVème siècle en présentant leurs particularités iconographiques et stylistiques communes à partir de monuments dignes d’intérêt : l’Ancien Catholicon de la Transfiguration des Météores, l’église Saint-Nikita de Čučer, les monastères de Treskavac, de Poganovo et de Kremikovtsi.

    Ces églises sont l’œuvre de peintres itinérants anonymes originaires de Kastoria, centre artistique majeur qui jouissait d’un statut particulier, parce que situé sur la via Egnatia où le commerce battait son plein. A la fin du XVème siècle, à une époque de domination ottomane (Turcocratie), la place économique stratégique de la ville prédestina au développement presque sans interruption d’une vie artistique assez intense : le terme de la vie culturelle ne fut pas complètement affecté et on assista à un renouveau d’activité manifesté par des édifices de culte richement décorés. Les équipes de zographes qui gravitaient autour de Kastoria comptaient parmi elles, vraisemblablement, des artistes très convoités, puisque leurs œuvres se retrouvent dans de petites localités telles qu’Aiginio et Koustohori en Grèce, à F.Y.R.O.M., en Bulgarie, et, indirectement, jusqu’en Moldavie.

    Le rattachement d’une œuvre à cette production artistique se fait en fonction du style des peintures et de l’iconographie. Dans l’état actuel de nos connaissances et en nous appuyant sur les travaux antérieurs (d’Andreas Xyngopoulos à Cveta Valeva), il faudrait tenir compte de deux choses : des traditions de la peinture Paléologue du XIVème siècle d’une part, et, d’autre part, de l’ouverture des artistes aux influences occidentales dont témoigne le recours aux traits réalistes et naturalistes puisés dans la peinture italienne du gothique tardif. Combinés à la présence de thèmes iconographiques rares – ex. de la Déisis élargie, du motif du buste d’Adam sous la Croix dans la scène de Crucifixion – ces traits nous obligent à y voir la marque d’un atelier, au puissant souffle créateur et garant de l’oikoumene orthodoxe.

GUILHEM ELODIE – Le programme hagiographique de Saint-Marc de Venise

Le programme hagiographique de Saint-Marc de Venise : au confluent de l’Orient et de l’Occident.
Influences orientales ou occidentales
Élodie Guilhem, École pratique des hautes études.

La basilique Saint-Marc, chapelle palatine des doges de Venise, a été reconstruite à la fin Xe siècle, afin de remplacer l’ancienne chapelle ducale dédiée à saint Théodore qui possédait elle-même un petit sanctuaire consacré à l’évangéliste Marc, dont les reliques étaient nouvellement arrivées.

Cette chapelle se veut d’inspiration byzantine tant sur le plan architectural que sur le plan du programme hagiographique selon un schéma consacré. Cette basilique inspirée d’un modèle impérial ancien (l’Apostélion) était conçue comme un immense reliquaire, miroir de la splendeur de la Sérénissime.

Le culte des saints et leur représentation occupe donc une place centrale, qui à ce jour n’a fait l’objet d’aucune étude. Cette communication a permis de dresser un aperçu rapide des saints de Saint-Marc. La basilique regroupe des cycles hagiographiques et des représentations de saints isolés. Ce programme a connu de nombreuses évolutions au fil des siècles.

Dans la première phase de la construction, des saints assez fréquents et d’inspiration byzantine sont représentés, comme les saints ermites : saint Paul ermite, et des saints stylites : saint Siméon.

Le programme de la basilique subit des ajouts postérieurs souvent dans des places laissées probablement vides (en effet un interdit du grand conseil de 1265 interdisait le changement de toute figure ou représentation), ainsi apparurent de nouveaux saints tels saint Bernard de Sienne. Ces ajouts, comme l’indiquent ces figures, étaient liés à l’apparition de nouveaux saints célèbres et plutôt d’influence occidentale. Ces apports peuvent aussi être dus à l’acquisition de nouvelles reliques par la République, c’est le cas de la construction de la chapelle dédiée à saint Isidore dont les reliques furent acquises en 1125, ou encore de saints locaux qui correspondent aux nouveaux territoires conquis sur la terraferma, avec le bienheureux Antoine de Brescia.

Le programme subira encore des modifications après l’époque médiévale, en raison des nombreuses restaurations modernes. Il est important de déterminer si nous sommes en présence de nouveaux saints ou si certains saints ont été refaits dans un style plus actuel et ont remplacé leur figure antérieure, c’est le cas probablement pour saint Paul ermite, son culte étant peu en faveur à la Renaissance.

Ce rapide aperçu, nous a permis de mettre en avant le lien étroit qui unit programme iconographique, liturgie, spatialité, politique en alliant savamment Orient et Occident avec pour objectif d’être le symbole du pouvoir vénitien.

GARGOVA FANI – The Byzantine Revival and the “Oriental” Synagogue

The Byzantine Revival and the “Oriental” Synagogue
Fani Gargova, Université de Viennes

 It is commonly known that Byzantine elements were widely used from the early 1840s up to the 1940s in the search for an architectural language to represent Jewish identity; yet art historical scholarship has dealt surprisingly little with this fact. A thorough analysis of the origins of these “rediscovered” architectural elements, the means of employment, and the symbolic meaning of these references in the context of synagogue architecture and the Jewish community is still missing.

The fashion to build in the Neo-Byzantine style started at a time, when historicism flourished, but its use endured in ways unlike the majority of tendencies of the 19th and 20th centuries by coming also into symbiosis with the Avant-Gardes and transforming its formal vocabulary to fit the needs of modernization. An example of this process is the extensive and conscious use of precious material such as gold or marble, as well as a certain renaissance of the dome.

Nevertheless the Byzantine revival in Jewish architecture was a rather Western phenomenon. It was marked by the common Western fascination and occupation of the “Orient”. The nascent identification of the Jewish community with this geographical region met with the need to express their “Otherness”. Thus it is necessary to ask to what extent patrons and viewers were aware of visual Byzantine influences and to further investigate the (mis-) understanding of its formal vocabulary.

This paper will seek to examine the modes of application of Byzantine elements and the reasons for its continuous use among synagogues built during the 19th and 20th centuries. It will draw attention to the problem of appropriating the “Orient” and exemplify it on the basis of synagogue architecture from Western and Eastern Europe and the United States.