ROSA BENOIT-MEGGENIS – L’autorité impériale dans les grands monastères de province

L’autorité impériale dans les grands monastères de province (IXe-XIIe siècles).
Rosa Benoit-Meggenis (Université Lumière Lyon II)

Entre le IXe et le XIIe siècle, le pouvoir impérial byzantin joua un rôle déterminant dans le destin des grandes fondations monastiques en leur accordant des privilèges fiscaux et une protection constante face aux empiètements de l’administration et des évêques. Dans les monastères dits impériaux, dont il convient de préciser le statut juridique, l’empereur bénéficiait d’un droit de patronage qui lui conférait une autorité étendue : il contrôlait l’élection de l’higoumène, pouvait utiliser certains bâtiments comme lieu de résidence ponctuelle ou comme prison politique et disposer librement d’une partie des revenus de ces établissements. Les moines devaient aussi à l’empereur certaines obligations que l’on peut comparer aux services dus en Occident par les monastères royaux aux souverains carolingiens et ottoniens. Ainsi, à Byzance, les monastères impériaux de province pouvaient être astreints à des obligations de fournitures militaires. L’empereur pouvait intervenir dans la vie des moines en leur prodiguant ses recommandations, solliciter leurs higoumènes et leurs principaux officiers pour qu’ils lui apportent leurs conseils ou qu’ils effectuent des missions diplomatiques. Concrète dans les monastères de la capitale, la présence de l’empereur était manifestée, dans les monastères de province, par des attributs de son autorité, tels le bâton d’investiture impériale conservé dans le katholikon. L’iconographie, les icônes et la vaisselle liturgique offertes par l’empereur, la mention de son nom dans les diptyques, étaient autant de reflets de l’exercice de son autorité.

SIMON FORD – L’étrange affaire d’Omboi

L’étrange affaire d’Omboi : réinterprétation du papyrus P. Cairo. Masp. 67004 dans le contexte des relations entre le centre et la périphérie de la Thébaïde du VIe siècle ap. J.-C.
Simon Ford (Université d’Oxford)

L’intention de cette communication est de reprendre les problèmes d’interprétation existants en analysant une pétition apparemment exceptionnelle contenue dans le P. Cairo. Masp. 67004, dans le contexte de l’interaction entre le centre et la périphérie : cela souligne sa valeur à la fois comme document original et comme source historique. En replaçant les questions que soulève le document dans le contexte historique de l’administration provinciale du VIe siècle ap. J.-C., nous chercherons à tirer des conclusions concernant les mécanismes rhétoriques et institutionnels par lesquels les provinciaux demandaient réparation aux autorités centrales.

DAMIEN GLAD — L’État central et le ravitaillement des garnisons frontalières

L’État central et le ravitaillement des garnisons frontalières (IVe-VIIIe siècles).
Damien Glad (Université Paris I Panthéon-Sorbonne)

Avec la mise en place du système tétrarchique à la fin du IIIe siècle, Rome, centre historique, perd son importance politique et économique au profit de nouveaux centres déplacés en périphérie plus près des théâtres d’opérations militaires. Les réformes administratives vont avoir un impact sur les structures de ravitaillement de l’armée dont le centre de gravité des ateliers d’armes est ramené, le plus souvent, vers l’intérieur des terres dans de grandes cités fortifiées situées sur les principaux axes fluviaux et routiers. La principale innovation de Dioclétien sera de placer ces structures de ravitaillement sous le contrôle de la nouvelle bureaucratie. Il s’agira pour nous de s’interroger sur la dépendance ou l’autonomie des garnisons frontalières danubiennes par rapport à un réseau étatique constitué à l’échelle impériale. La division bilatérale de l’armée avec, d’une part, l’armée d’accompagnement de l’Empereur et, d’autre part, une armée périphérique de plus en plus attachés à la terre qu’elle défend, pose la question de savoir si ces deux armées bénéficient du même type de ravitaillement. A fortiori, transparaît derrière cette bipartition de l’armée la dépendance des périphéries par rapport au centre : la notitia dignitatum qui nous informe sur le système officiel des Fabricae et quelques exemples archéologiques (débarcadères, annona militaris) nous permettrons d’étudier cet état de fait.

ADAM IZDEBSKI– La périphérie Slave et le centre impérial

La périphérie Slave et le centre impérial – la comparaison du développement des entités politiques slaves dans les Balkans byzantins et l’Europe des Francs (VIe-IXe siècles).
Adam Izdebski (Université d’Oxford/Université de Varsovie)

L’invasion slave du VIe siècle a créé un grand problème pour Byzance. Le territoire proche du centre a dû être reconquis. Les Slaves tinrent cependant leurs positions durant plus de 200 ans. Il n’y eut pas d’initiative byzantine tendant à changer le statu quo; on n’observe aucun changement important parmi les Slaves. Au contraire, à la frontière des Francs, dès lors que l’on aperçoit la présence slave, on voit apparaître des quasi-États. Cette communication cherchera à comprendre si cette différence entre ces deux mondes est réelle ou si elle procède de la pauvreté des sources du côté byzantin.