ALEXANDRE BOURRIER — La basilique Hors-les-Murs dans la topographie religieuse de la cité de Kourion, Chypre

La basilique Hors-les-Murs dans la topographie religieuse de la cité de Kourion, Chypre.

Alexandre Bourrier, Université de Provence

La basilique Hors-les-Murs de Kourion, fouillée de 1971 à 1974, fut probablement construite entre 403 et 408, 200 mètres à l’est du stade antique, elle occupe le point le plus élevé de la ville et ses environs et est longée par la route menant au stade antique. Elle restera en activité jusqu’à la seconde moitié du VIIe siècle. Il s’agit d’une basilique à trois nefs terminées chacune par une abside saillante et séparées par deux rangées de six colonnes surmontées par des chapiteaux en marbre. L’ensemble qui comprend de nombreuses annexes mesure 34 mètres de long pour 21 de large, narthex et atrium compris.

L’étude de la basilique Hors-les-Murs révèle l’importance des échanges cultuels et architecturaux avec les régions voisines, mais aussi et surtout l’omniprésence de l’influence constantinopolitaine dans l’architecture les décors et les aménagements liturgiques. Les influences régionales concernent notamment les aménagements annexes, comme un parecclèsion rappelant la Terre Sainte ou encore les aménagements funéraires et le culte des reliques issus de Syrie.

Ce dernier élément est particulièrement important. Les campagnes de fouilles mirent à jour une sépulture aménagée dans la partie orientale du mur nord de la basilique qui contenait encore des ossements ainsi que des coquillages. L’identité du défunt demeure incertaine, mais il pourrait s’agir de saint Philonides, premier évêque de Kourion qui se serait suicidé vers 303 en sautant des falaises suite aux persécutions envers les chrétiens. Il est certain que la basilique devait être visible de la mer aussi bien pour les marchands que les voyageurs ou encore les pèlerins. Elle était également construite sur un dépôt de fragments de statuettes antiques qui pourraient être issues d’un sanctuaire voisin dédié à Déméter et Korê. Tous ces éléments obéissent à une démarche volontaire et qui semble s’inscrire dans une démarche triomphante de christianisme à une époque où celui-ci se développe considérablement sur l’île.