PARLIER Matthieu — Filiations et continuité de l’État dans les éloges impériaux sous les premiers Paléologues

Filiations et continuité de l’État dans les éloges impériaux sous les premiers Paléologues
PARLIER Matthieu, Université Lyon 2

 

Les éloges des premiers empereurs de la dynastie paléologue font apparaître deux types de filiations. L’une, naturelle, rappelle les ancêtres de l’empereur loué, présentant leurs vertus (d’une manière plus ou moins détaillée) et inscrivant l’empereur dans un schéma généalogique qui tendrait vers le principe dynastique, avec lequel l’idéologie impériale byzantine conserve des relations complexes. L’autre, métaphorique, rattache l’empereur loué à des figures royales exemplaires, issues des textes bibliques (par exemple David ou Salomon) ou du passé romain (par exemple Constantin le Grand), composant ainsi une autre forme de filiation, qui puise ses racines dans l’histoire de l’Ancien Testament et justifie à sa manière le choix du peuple byzantin comme nouveau peuple élu.

Ces deux types de filiation interrogent de manières différentes les notions d’État, incarné par l’empereur, et de continuité de l’État. En faisant de la filiation naturelle une condition essentielle à la participation au pouvoir impérial et à la transmission de la basileia, les empereurs paléologues (comme les Comnènes avant eux) font dépendre l’existence de l’État de l’existence de la dynastie qu’ils créent et sur laquelle repose le principe de continuité de l’État. Au contraire, avec la filiation métaphorique, la continuité de l’État ignore le droit du sang et le principe dynastique vaut d’abord pour le lien qui unit les empereurs paléologues aux souverains vétérotestamentaires, faisant ainsi primer l’État sur la filiation naturelle.