TERRYN REMI – Autour de la « production artistique de Kastoria »

Autour de la « production artistique de Kastoria » :
les monuments peints de la fin du XVème siècle
Rémi Terryn, École pratique des hautes études.

 

Le but de cette communication était de mettre en lumière un groupe d’églises peintes à la fin du XVème siècle en présentant leurs particularités iconographiques et stylistiques communes à partir de monuments dignes d’intérêt : l’Ancien Catholicon de la Transfiguration des Météores, l’église Saint-Nikita de Čučer, les monastères de Treskavac, de Poganovo et de Kremikovtsi.

    Ces églises sont l’œuvre de peintres itinérants anonymes originaires de Kastoria, centre artistique majeur qui jouissait d’un statut particulier, parce que situé sur la via Egnatia où le commerce battait son plein. A la fin du XVème siècle, à une époque de domination ottomane (Turcocratie), la place économique stratégique de la ville prédestina au développement presque sans interruption d’une vie artistique assez intense : le terme de la vie culturelle ne fut pas complètement affecté et on assista à un renouveau d’activité manifesté par des édifices de culte richement décorés. Les équipes de zographes qui gravitaient autour de Kastoria comptaient parmi elles, vraisemblablement, des artistes très convoités, puisque leurs œuvres se retrouvent dans de petites localités telles qu’Aiginio et Koustohori en Grèce, à F.Y.R.O.M., en Bulgarie, et, indirectement, jusqu’en Moldavie.

    Le rattachement d’une œuvre à cette production artistique se fait en fonction du style des peintures et de l’iconographie. Dans l’état actuel de nos connaissances et en nous appuyant sur les travaux antérieurs (d’Andreas Xyngopoulos à Cveta Valeva), il faudrait tenir compte de deux choses : des traditions de la peinture Paléologue du XIVème siècle d’une part, et, d’autre part, de l’ouverture des artistes aux influences occidentales dont témoigne le recours aux traits réalistes et naturalistes puisés dans la peinture italienne du gothique tardif. Combinés à la présence de thèmes iconographiques rares – ex. de la Déisis élargie, du motif du buste d’Adam sous la Croix dans la scène de Crucifixion – ces traits nous obligent à y voir la marque d’un atelier, au puissant souffle créateur et garant de l’oikoumene orthodoxe.