CIOLFI LORENZO – Quelques réflexions sur le « Βίος τοῦ ἁγίου Ἱωάννου βασιλέως τοῦ Ἑλεήμονος »

Quelques réflexions sur le
« Βίος τοῦ ἁγίου Ἱωάννου βασιλέως τοῦ Ἑλεήμονος».
Lorenzo Ciolfi, École des haute études en sciences sociales.

A l’époque de la quatrième croisade, le 12 avril 1204, les troupes étrangères, arrivées jusqu’au Bosphore l’année précédente sous le prétexte de soutenir le souverain légitime Alexis IV, entrent dans Constantinople après un court siège et s’emparent de la ville. Dans le même temps, l’empereur des Romaioi, Alexis V, s’enfuit précipitamment. Des jours terribles s’ensuivent pour la population de la ville impériale, en proie au pillage, à la profanation, à la violence et au carnage.

Le 16 mai, Baudouin de Flandres monte sur le trône de Constantin. Une nouvelle ère s’ouvre pour Byzance : elle se caractérise par des forces centrifuges et par une crise de l’idéal universel. L’ancienne unité bien consolidée de l’Empire byzantin se fragmente en un système aussi compliqué que varié de principautés féodales sur le modèle occidental et de nouveaux états dans lesquels se préserve, en une sorte de continuum, la civilisation byzantine : le Despotat d’Epire avec les Angeloi, l’Empire de Trébizonde avec les Grands Comnènes et l’Empire de Nicée avec Théodore I Lascaris.

Pendant ces années si difficiles Jean III Vatatzès, empereur de Nicée (1222-1254), fut sans aucun doute un personnage clé pour la reconquête de Constantinople : il était l’initiateur de réformes importantes sur le plan économique et sur celui de la structure de l’état; il mena d’importantes campagnes militaires et intensifia une activité diplomatique habile principalement envers le Pape et Frédéric II. En raison de ses réformes et de ses nombreuses œuvres de générosité envers les plus pauvres, il fut bientôt reconnu saint et son culte a été célébré jusqu’au début du siècle dernier. Quelques compositions encomiastiques et une Vie lui ont été consacré.

Afin de mieux retracer la figure de Jean III et de comprendre l’influence qu’il aura sur les deux derniers siècles de l’ère byzantine, il est important de redécouvrir et d’analyser le Βίος τοῦ ἁγίου ωάννου βασιλέως τοῦ Ἑλεήμονος, dont une nouvelle édition critique avec traduction et commentaire fait l’objet de mes recherches actuelles.

Dans la présentation que je propose, je contextualiserai les questions plus importantes liées à cet ouvrage (en particulier la tradition manuscrite, l’autorialité et la typologie textuelle) et j’offrirai à la discussion les premiers résultats de mon travail.