MARCHAND JULIE – La culture matérielle de la transition copto-byzantino-islamique en Egypte

La culture matérielle de la transition copto-byzantino-islamique en Égypte, du VIIe au IXe siècle.
Julie Marchand, Université de Poitiers.

 Le titre exact de la thèse en préparation est « Recherches sur les phénomènes de transition de Égypte copto-byzantine à l’Égypte islamique. La culture matérielle ». L’enjeu de cette recherche est de cibler la culture matérielle, grâce aux objets issus de fouilles anciennes et récentes, afin de mieux interpréter une époque jusqu’ici encore appelée de « transition », fort méconnue, souvent moins bien appréhendée lors des fouilles archéologiques.

L’étude de la culture matérielle permet de visualiser les objets du quotidien qui sont de bons indicateurs des changements politiques qui ont eu lieu en Égypte. Ils contribuent à déterminer quels ont été les héritages byzantins ou coptes sauvegardés, et quelles ont été les nouveautés apportées par les conquérants.

La problématique du sujet est donc d’expliquer les différents types de mobiliers, de déterminer quels sont leurs héritages exacts, et par quelles transformations, les objets deviennent-ils ceux que l’on attribue à l’époque islamique. Nous pourrons ainsi avancer les critères qui définissent les attributions culturelles (technique, iconographie, usage, fonction) lorsque cela sera possible, et s’il est utile d’en donner une. L’occasion est aussi donnée de faire un point sur le terme de « transition », de le définir au mieux, notamment par ses dates. Une telle étude sera aussi l’occasion de remettre le changement de religion du pouvoir en place dans un contexte domestique.

Enfin, nous pourrons présenter quelques objets caractéristiques de la période de divers matériaux, notamment de la vaisselle céramique, à travers les siècles qui nous intéressent. Quelques sites archéologiques de référence seront présentés et constitueront un support contextuel.

KHAN BENEDICTE – Le travail des matières dures animales au Proche-Orient protobyzantin

Le travail des matières dures animales au Proche-Orient protobyzantin :
Nouvelles perspectives
Bénédicte Khan, Université Paris I Panthéon-Sorbonne

L’artisanat de l’os, de l’ivoire et de la corne pour la période byzantine est mal connu au Proche-Orient, par manque d’intérêt des chercheurs pour ces matières parfois considérées comme peu nobles (à l’exception de l’ivoire), étant principalement utilisées pour fabriquer des objets « simples », de peu de valeur. Néanmoins, la variété des productions indique un usage quasi journalier de ces matières dans de nombreux domaines de la vie domestique ou artisanale, et la facture exceptionnelle de certaines pièces démontre l’existence d’un artisanat spécialisé et de qualité. Les pièces produites dans ces matières sont donc d’une grande importance quant à la compréhension du quotidien des byzantins.

L’industrie liée a elle aussi été quelque peu négligée par la recherche ; or, les ébauches, supports, et rebuts de fabrication issus de cet artisanat sont une source inestimable d’informations quant au savoir-faire des artisans, à travers la reconnaissance des techniques mises en place dans la production d’un objet et l’établissement de leur chronologie permettant le remontage des différentes étapes de la chaîne opératoire. D’autres données peuvent également être récoltées grâce à l’étude de ces rejets d’ateliers, concernant notamment les matières utilisées (espèces animales, parties anatomiques préférées), les relations des artisans avec d’autres métiers (la boucherie pour l’approvisionnement en matières premières, la métallurgie ou encore l’ébénisterie, les matières osseuses étant utilisées dans la fabrication de manches de couteau et/ou d’éléments de marqueterie), etc.

C’est par une étude technologique que ces matières sont abordées dans cet exposé (et dans notre thèse), car la richesse des informations qu’elle apporte ouvre un pan entier de la société byzantine jusque-là peu exploré.

INTAGLIATA EMANUELE – Reassessing the past

Reassessing the past: the case of the Late Antique and Early Islamic period of Palmyra (AD 273-750)
Emanuele Ettore Intagliata, Université d’Edimbourg.

 

Palmyra (Syria) experienced a particular prosperity as a “caravan city” until the second half of the third century AD, when the events following the attempt at usurpation by Zenobia led to its economic collapse. For years these events have been considered as the starting point of an inexorable decline for the city.

My PhD research aims to reassess the Late Antique and Umayyad periods of Palmyra by analyzing three main distinct topics: urbanism, housing and pottery.

The delicate phase of transition between the classical and the Umayyad city has been hotly debated and is now considered as an indigenous and positive process started well before the Arab conquest. This transformation is characterized by numerous urban phenomena affecting enormously the overall aspect of the city.

Among these, the way of how and where people lived will be the subject of a more indepth study. The need for a living space brought the inhabitants of Palmyra to occupy existing public places and modify ancient roman houses. Crossing the published data with those coming from the recent excavations of the “Peristyle Building” carried out by the Italian-Syrian joint mission Pal.M.A.I.S., will allow to shed light on this topic.

Moreover, the study of a particular kind of common ware (“White Ware”) found during the excavation of the same building will allow to start a systematic analysis of the “post- 273” ceramic material.

By looking at these topics the research aims to demonstrate the longevity of Palmyra even after the “destruction” of the city by Aurelianus’ army, and to consider these ages as periods of deep changes rather than decline.

WOZNIAK MAGDALENA – Rayonnement de Byzance: le costume royal de Nubie

Rayonnement de Byzance : le costume royal en Nubie (Xe-XIe s.)
Magdalena Wozniak, Université Paris IV-Sorbonne.

Dans un ouvrage éponyme publié en 2006, Tania Velmans a démontré l’appartenance de la Nubie à l’aire d’influence byzantine, même si cette région « se distingue par un langage plastique à part ». Une démonstration qui n’est somme toute pas surprenante au regard du rôle joué par Byzance dans l’évangélisation de la Nubie au VIe s.

La présente communication a pour objet d’étude le costume royal à travers le portrait de Zacharias III (moitié du Xe s.) et deux portraits de son successeur, Georgios III (fin Xe s.). Dans l’ensemble, les deux souverains portent un costume inspiré de la mode byzantine, composé de robes superposées, recouvertes d’un manteau attaché sur l’épaule droite. Cependant, l’observation plus détaillée des peintures démontre le caractère plus « archaïque » du portrait de Zacharias III dont les vêtements semblent se référer davantage à la mode byzantine des VIe –VIIe s.

L’analyse des attributs royaux, en particulier la couronne, apporte également des conclusions inattendues : à contre-courant de l’idée généralement acceptée d’une imitation de l’iconographie impériale byzantine par la monarchie nubienne, il apparaît que la couronne portée par le roi à la fin du Xe s. n’a pas le caractère impérial qu’on lui attribuait jusqu’ici. L’étude de la titulature royale confirme également les limites de l’influence byzantine en Nubie et invite à reconsidérer non seulement la nature des relations entre les deux entités mais également les limites chronologiques de ces contacts.

MERAT AMANDINE – La broderie dans l’Egypte antique

La broderie dans l’Égypte antique, de l’époque romaine à l’époque arabe. Étude technique et iconographique. Influences, échanges et diffusion au sein du bassin méditerranéen
Amandine Merat, École du Louvre.

 

Parmi les témoignages archéologiques retrouvés sur le territoire égyptien, les textiles constituent une source précieuse d’informations, et sont à nouveau placés, depuis plusieurs années, au cœur des considérations scientifiques, comme en attestent les nombreuses associations et journées d’études françaises et internationales qui leur sont consacrées. Si certaines techniques, telles que la tapisserie, ont d’ors et déjà été abondamment étudiées, d’autres en revanche sont toujours mal connues, à l’image de la broderie, sur laquelle les publications et les recherches menées restent encore, à ce jour, rares et ponctuelles. De tels constats mettaient naturellement en évidence l’importance et la nécessité de réaliser une étude globale et approfondie sur ce sujet, auquel j’ai choisi de consacrer ma thèse, engagée depuis fin 2010, dans le cadre d’un Troisième Cycle à l’École du Louvre.

Cette présentation de mon sujet de doctorat, faite lors des Ves Rencontres internationales des doctorants en études byzantines, a été pour moi l’occasion d’exposer les enjeux et les objectifs aussi divers que variés de cette thèse (reconstitution d’une histoire technique, sociale, économique et culturelle de la broderie égyptienne antique ; repositionnement de l’Égypte vis-à-vis des autres cultures du Proche-Orient et du Bassin Méditerranéen dans la production de broderies durant l’Antiquité ; réalisation d’un catalogue raisonné des broderies égyptiennes antiques connues à ce jour, ainsi que d’une base de données informatique, …), ainsi que la démarche de recherche mise en œuvre afin de mener ce projet à bien (études techniques et iconographiques réalisées sur les pièces conservées dans les grandes institutions françaises et européennes ; tableaux et base de données recensant les broderies répertoriées et/ou étudiées ; bibliographie,  …).