IVA RUKAVINA – L’urbanisme médiéval de la ville de Zadar

L’urbanisme médiéval de la ville de Zadar à l’époque du pouvoir byzantin en Dalmatie.
Iva Rukavina, Université Paris Ouest – Nanterre La Défense

L’objectif de cette présentation, dont le contenu est issu de nos recherches dans le cadre de notre thèse, est de montrer les relations entre l’Empire Byzantin et la ville de Zadar à l’époque médiévale, notamment à travers les modifications urbaines qu’a subies la ville à cette période historique.

Zadar est située sur la côte adriatique orientale en Croatie. Le noyau historique de la ville actuelle est situé sur la petite presqu’île qui ferme la baie dans laquelle se trouve le port. Les vestiges archéologiques les plus anciens datent du IXe siècle av. J.C. Pendant la période romaine, Zadar (Iadera) a été l’un des centres les plus importants de la côte adriatique orientale. La ville antique a été conçue suivant les schémas romains, ce qu’atteste le réseau orthogonal de voies toujours conservé.

Le pouvoir byzantin instauré à la fin de l’époque de l’Antiquité tardive caractérisera l’époque médiévale jusqu’au début du XIIe siècle, période pendant laquelle Zadar occupera une position particulière au sein de la Dalmatie. Peu affectée par les invasions barbares, la ville gardera son aspect urbain pendant l’époque médiévale et sera dotée de nombreux bâtiments nouveaux, à caractère sacré en particulier.

La description de Zadar datant du milieu du Xe siècle et attribuée à l’empereur byzantin Constantin VII Porphyrogénète, dans le chapitre 29 de son ouvrage De Administrando Imperio, constitue une des sources les plus importantes pour connaître l’urbanisme médiéval de la ville de Zadar.

MORGAN DIRODI – The built environment of the East Mediteranean. The impact of Christianity

The built environment of the East Mediterranean from the fourth to the seventh centuries: the impact of Christianity.
Morgan Dirodi, St Cross College, Université d’Oxford

The cities of the eastern Mediterranean were lively centres of urban life and monumentality. The rescript of Milan gave Christianity a major role within Roman society and allowed it the possibility to intervene in the urban landscape. Thus the rise of Christianity as a major social and political actor led to it shaping the city and it having to adapt to the city itself.

To better understand the way in which the urban landscape and monumental Christianity interacted I am proceeding to analyse a number of cities in the Levant to develop a clear understanding of the chronology of the rise of monumental Christianity and its influence on the topography of these cities. I am proceeding in two mains steps: firstly I am constructing a (partial) gazetteer of the main cities of the Levant, of their Christian building activities and their Late Antique urban contexts. My aim in this first part is to lay out in one single corpus all the necessary information that an analysis of such a procedure requires, to enable me to examine the development of the region in a transversal manner rather than the fragmented picture that is currently offered by the large number of discreet publications that is currently available. Secondly I intend to analyse the data that I have collected in order to identify the main trends that are involved in the Christianisation of the region. As a result of my initial data collection I have, so far, identified two major trends that I will discuss in the paper: on the one hand there is pragmatism: due to the complex urban environment of the Levant, Christians were forced to be pragmatic in the size scale and scope of their buildings, adapting the plans and locations of Churches to the urban context. The second trend is a opposition between monumental and topographic priorities: when locations had to be chosen very often the choice was between the best location (topography) and the location that allowed the best monumental development (monumentality), the choice of where church complexes were built ( in particular cathedrals) and their size and scope is thus of particular importance.

HELENA ROCHARD – Les représentations des saints militaires d’Apa-Apollo de Baouit

Les représentations de saints militaires dans les peintures murales du monastère d’apa Apollo de Baouit : les débuts d’une longue tradition.
Héléna Rochard, École pratique des Hautes Études

L’iconographie des saints militaires, bien connue dans l’art byzantin, s’est particulièrement développée au Moyen-Orient, et tout spécialement en Égypte, où la tradition s’est perpétuée durant plusieurs siècles et a même été revisitée au xviiie siècle. Les peintures de Baouit comptent parmi les plus anciens exemples du thème et offrent un nombre important d’images qui permettent d’observer quelques variations autour d’un type iconographique qui semble déjà bien établi.

La plupart de ces soldats connurent leur martyre à l’époque des grandes persécutions, au iiie et au ive siècle. Cette période de troubles constitua pour les Coptes l’origine de l’« Ère des Martyrs », calendrier débutant en 284, année de l’avènement de l’empereur Dioclétien. Ces saints guerriers, dont l’iconographie porte l’empreinte d’un héritage antique, occupent une place particulière au sein du répertoire hagiographique ; tantôt figurés à cheval, tantôt en pied ou en buste, ils incarnent les soldats du Christ et les victorieux défenseurs du christianisme.

Les représentations de martyrs illustres, comme Théodore, Mercure, George, Serge et Bacchus, de même que celles de saints égyptiens, témoignent de la diffusion, ou de l’émergence, de leur culte et attestent de la grande dévotion dont ils faisaient l’objet. L’étude approfondie des attributs et des inscriptions qui caractérisent les saints, conjuguée aux observations relatives à leur emplacement dans l’espace, permet d’aller plus loin sur la compréhension du rôle qu’ils jouent dans le programme iconographique de ces édifices monastiques.

Cette intervention s’inscrit en complément des études récentes menées sur les saints militaires dans l’art byzantin.

JULIA REVERET – L’espace liturgique en Bulgarie médiévale. Lieu de rencontre entre un art officiel et un art des fidèles

L’espace liturgique en Bulgarie médiévale aux IVe-XIe siècles – Lieu de rencontre entre un art officiel et un art des fidèles.
Julia Reveret, Université de Clermont-Ferrand II

La Bulgarie médiévale (sous entendant pour notre étude la Bulgarie dans ses frontières actuelles et la Macédoine), pays aux frontières fluctuantes durant cette période est d’un grand intérêt par sa situation géographique de carrefour où depuis l’époque thrace se croisent et fusionnent différentes ethnies et civilisations. C’est un point de confluence et de rencontres entre les cultures des empires romains d’Occident et d’Orient, des ethnies venant du Nord, du monde méditerranéen et des régions d’Asie centrale. L’adoption et l’officialisation de la religion chrétienne en tant que religion d’état sous le règne de Boris-Michel Ier en 864 conduit à nous interroger sur les productions artistiques chrétiennes face à cet héritage multi-ethnique et multi-culturel, plus précisément sur les liens existant entre ces populations emprunts de traditions et de croyances et l’art chrétien officiel, tout en tentant de définir les rapports entretenus entre la construction de ce 1er royaume et la religion chrétienne. Par ailleurs, la proximité de ce territoire avec la capitale impériale, Constantinople présente un autre intérêt et suscite d’analyser le poids et le rôle de la puissance byzantine sur le développement et l’évolution de l’art chrétien produit sur ces terres balkaniques depuis l’installation d’Asparouch en 680 mais surtout lors de la prise de Preslav par les Byzantins en 1018. Cet art « bulgare » arrive-t-il en effet à s’émanciper, à créer sa propre personnalité en présence des deux aspects de la puissance byzantine : l’un fascinant à leur yeux, l’autre oppressant ? Et s’il y parvient comment le fait-il et avec quel degré d’indépendance stylistique ou technique par rapport à cet écrasant mentor ?

MARIA GRINBERG – Les illustrations du Stichéraire GIM Muz. 3674

Les illustrations du Stichéraire GIM Muz. 3674 du XIIIe siècle.
Maria Grinberg, Université Lomonossov de Moscou

Le stichéraire est un type du livre liturgique qui contient les chants officiels suivant l’ordre de l’année religieuse, y compris les Menées, le Triodion, le Pentikostarion et l’Octoéchos. Peu de Stichéraires enluminés sont parvenus à nos jours. Parmi les exemples les plus remarquables on peut citer Koutloumousiou n° 412 et Sinai cod. 1216. Ces manuscrits furent brièvement examinés par Kurt Weitzmann dans son article « The Selection of Texts for Cyclic Illustration in Byzantine Manuscripts », dans Byzantine Books and Bookmen. Ces manuscrits furent datés du début du XIIIe siècle et leur origine fut localisée à la région palestinienne. Il est néanmoins plus probablement de voir apparaître les manuscrits enluminés de ce genre à partir du XIIIe siècle.

Le manuscrit coté GIM Muz.3674 est décoré avec vingt-cinq miniatures placées sur les pages sans encadrement, chaque d’eux étant précédé par le passage de texte qu’elle illustre. Les particularités paléographiques et stylistiques permettent de dater ce manuscrit vers le XIIIe siècle, mais la date précise reste à établir.

Mon intervention présentera une analyse iconographique des miniatures du Stichéraire. Il s’agit, notamment, d’identifier ses sources iconographiques et de spécifier les critères du choix des sujets, qui contribuent à enrichir le sens du texte. La plupart des miniatures, soit vingt-et-une est placée dans la partie des Menées, trois dans le Triodion et une dans le Pentikostarion. Cet ensemble est, en effet, un mélange des scènes de l’Evangile, des images des Fêtes et des représentations des saints. Ces dernières ne correspondent pas forcément au texte qui les suit. L’iconographie de cette partie du Stichéraire était fondée principalement sur les illustrations des Ménologes du XIe siècle mais, le choix du sujet reste original et réalisé en fonction du programme iconographique particulière du manuscrit.