ALEXANDRA VUKOVICH – L’iconographie de l’hippodrome à Sainte-Sophie de Kiev

L’iconographie de l’Hippodrome byzantin à Sainte-Sophie de Kiev et sa fonction dans les cérémonies de cour.
Alexandra Vukovich (Université de Cambridge)

Le règne de Prince Jaroslav de Kiev voit une période de croissance inaugurée par une politique de construction des églises, monastères et de la ville de Kiev, siège du prince. Dans son ‘Encomium à Volodimir’, le métropolite Ilarion de Kiev, après avoir décrit les règnes de la princesse Olga et celui du prince Volodimir, avait évoqué l’entrée des Russes dans l’histoire chrétienne et il avait insisté sur le rôle de Jaroslav Volodimirovich  dans l’expansion de la religion chrétienne partout dans son royaume. Cette politique d’expansion urbaine a constitué l’étape clé dans la consolidation de son pouvoir et de son autorité en tant que Prince de Kiev. Entre 1036 et 1054, après une longue période de conflit et de reconstruction dynastique et territoriale, le prince Jaroslav a pu établir son autorité dans les sphères militiare, économique et sociale. Le ‘Povest Vremmenykh Let’ (Le récit des temps passés) décrit la mort du prince Mstislav et l’intégration des principautés de Chernigov et Tmutorokan sous la suzerainté du prince Jaroslav de Kiev. Les sources en tant que le ‘Slovo o Zakone i Blagodati’ (Le dit à propos de la loi et dede la grâce) et le ‘Skazanie Borisa i Gleba’ (La vie de Boris et Gleb), écrites pendant ou peu après le règne du prince Jaroslav, avaient servi à intégré l’idée de la légitimité dynastique et de la succession organisée au sein d’une famille dans l’idéologie politique de Rus’ au XIe siècle. L’église de Sainte-Sophie à Kiev (v. 1037) est le meilleur exemple de la politique de l’expasion urbaine et le mécénat culturel du prince Jaroslav. L’église de Sainte-Sophie élucide le rôle a la topographie sacrée et de l’harmonie symbolique entre les royaumes terrestre et divin représentés par l’iconographie de l’église dédiée à la Sainte-Sophie. Le frieze iconographique du Hippodrome byzantin, situé à l’entrée de la béma princier est un élément de l’idéologie dynastique et du rôle de l’histoire sacrée du Rus’ non seulement en tant qu’extension de Byzance mais aussi en tant qu’état indépendant. Cet exposé aura comme objectif de décrire le rôle politico-culturel de cette iconographie en tant que représentation de la culture de cour et de la pratique religieuse byzantine basée sur un besoin politique spécifique: l’établissement de l’idéologie dynastique à Rus’.

ALEXANDRA VUKOVITCH – La reine Hélène d’Anjou et la rhétorique du pouvoir princier

La reine Hélène d’Anjou et la rhétorique du pouvoir princier dans le Royaume némanide au XIIIe et XIVe siècle.
Alexandra Vukovitch (E.H.E.S.S. / Cambridge)

La reine Hélène dite « d’Anjou », connue principalement dans l’ouvrage de l’archevêque Daniel II dans sa Vie de Sainte reine Hélène dans les Vitae Regum et Arhiepiscoporum Serbiae, demeure une figure énigmatique du royaume némanide du XIIIe siècle. Le déficit de travaux sur cette figure historique rend l’évaluation de son rôle dans le royaume némanide difficile. Cependant, selon la littérature dynastique, les chartes et les sources archéologiques, il est évident que la reine Hélène avait un rôle important dans son apanage à Zeta en tant qu’administratrice et mécène des édifices religieux. L’archevêque Daniel II décrit la reine en tant que mère des rois, vecteur de la concorde entre ses fils, mécène dans son apanage et en Terre Sainte et sainte. En effet, la Vie de la reine Hélène est composée de plusieurs éléments qui créent des topoi littéraire pour la représentation de la reine. Outre sa valeur d’ « histoire sacrée » et sa dimension idéologique, la Vie de la reine Hélène a une dimension « intellectuelle » et « rhétorique ». Daniel II emploie des termes récurrents pour décrire la reine : sa nature douce, sa piété, son érudition, sa charité, son rôle d’autocrate bienveillant et les manifestions corporelles de sa dévotion envers Dieu. Cependant, le rôle de la reine en tant que fondatrice des églises et monastères catholiques dans les régions littorales de son apanage n’est pas évoqué dans sa Vie car Daniel II vise surtout la commémoration de la reine dans sa fondation dynastique, l’église dédiée à la Mère de Dieu à Gradac. En outre, le cérémonial de la commémoration, au moment de l’enterrement de la reine, sert à légitimer la sainteté familiale et dynastique et la « canonisation » qui suit, fixe quasi-officiellement Gradac comme lieu chargé de mémoire qui sera un point de repère dans l’histoire sacrée des rois némanides. Les enjeux historiques de la figure de la reine Hélène, ses origines latines et son identité culturelle catholique, forment un prisme à travers lequel l’étude des relations entre le royaume némanide, Byzance et l’Occident peut se réaliser.