Appel à communication — des pièces et des textes

Des pièces et des textes : l’économie monétaire en Égypte, des Perses aux débuts de l’Islam.

Coins and texts: the monetary economy of Egypt, from Persians until the beginning of Islam.

Le Caire, du 29 au 31 octobre 2015.

 

Les historiens peuvent avoir accès aux réalités passées d’une part par les pièces sonnantes et trébuchantes, que les chercheurs ont tenté, parfois difficilement, de classer en séries successives, mais aussi par les textes. La monnaie apparaît dans des comptes, des reçus, des contrats, des narrations (rapports, fictions, récits de voyage), sur des supports divers (ostraca, papyrus, pierres ou bronze). Il n’est pas facile de faire coïncider informations fournies par les monnaies et par les textes, d’autant plus que les spécialistes de ces deux pans de l’histoire sociale et économique travaillent trop souvent séparément. L’objectif de ce colloque est de les faire se rencontrer et travailler ensemble afin de déterminer les causes et les conséquences de l’apparition et de l’utilisation de la monnaie en Égypte.

L’économie de l’Égypte a utilisé plusieurs langues, liées aux souverains qui l’ont dirigée ainsi qu’aux populations qui l’habitaient. Chacune de ces langues transcrit la même réalité mais avec des mots et parfois des modes de pensée différents. À cet égard, les périodes de transition entre les différents pouvoirs (perse – ptolémaïque – romain – islamique) offrent une fenêtre par laquelle il est possible d’apercevoir les changements et les continuités et par là-même de saisir un peu mieux l’organisation de l’économie.

La monnaie est un outil essentiel pour l’organisation des échangeAu niveau le plus bas de l’échelle des échanges, il convient tout d’abord de faire le point sur l’utilisation quotidienne de la monnaie, notamment sur la différence entre l’utilisation des pièces d’un côté et les sommes répertoriées dans les comptes de l’autre, mais aussi sur la réalité de l’utilisation de la monnaie (or, argent et bronze) par différents groupes sociaux.

Ensuite, quel est le chemin parcouru par la monnaie ? De l’atelier d’Alexandrie à la bourse du paysan et à l’inverse, du paiement de la taxe aux caisses royales, quelles sont les étapes de transformation de la monnaie ? Qui payait quoi, avec quel métal ?

Les périodes de transition, enfin, offrent l’occasion d’analyser le changement, ou le maintien, des politiques monétaires des souverains, dans un pays où le ressource fiscale la plus importante reste le surplus des récoltes. De la frappe d’imitations de chouettes athéniennes et de l’introduction des premières monnaies de bronze à l’époque perse, au changement de système comptable sous Auguste et plus tard aux transformations introduites par les autorités islamiques, la variété des exemples fournit la possibilité de saisir le côté le plus pragmatique des échanges monétaires.

Ces trois thèmes offrent un socle à l’organisation de trois journées successives, qui permettront à la fois aux spécialistes des monnaies mais aussi aux spécialistes des textes de travailler ensemble à une meilleure compréhension de l’économie. Non seulement cette rencontre se veut pluridisciplinaire, mais elle propose aussi une étude sur la longue durée, de l’époque perse au début de l’époque islamique. Les réponses aux questions débattues permettront de comprendre les capacités de résilience des acteurs économiques de l’Égypte et de mettre en avant les spécificités de l’économie de l’Égypte sur le long terme.

Afin de faciliter les échanges, nous pensons organiser des binômes (associant un spécialiste des textes à un spécialiste des monnaies) pour permettre une confrontation des sources et –nous l’espérons–, un débat fructueux. Pour que la publication des actes du colloque se fasse le plus rapidement possible et pour que les débats lors de la rencontre soient aussi les plus intéressants possibles, il vous sera demandé le texte de votre communication 2 mois en amont du colloque. Les textes seront réunis en pré-actes qui seront diffusés quelques semaines avant le colloque pour que chacun puisse en étudier le contenu.

Points à aborder dans le colloque :

Questions de l’utilisation quotidienne de la monnaie :
– Quelles espèces étaient utilisées
– Quelle est la différence entre les sommes énoncées dans les papyrus et les monnaies en circulation (pour les trois métaux)
– Différence entre les sommes énoncées et les sommes réellement payées en monnaie
– Taux de monétarisation selon la géographie, les groupes sociaux, les époques
– Qui utilise l’or et l’argent, qui utilise le bronze. Où se fait l’échange entre les numéraires?
– La monnaie était-elle pesée ou comptée selon les périodes ? Comment la valeur de la monnaie était-elle estimée, établie ?

Production de la monnaie :

– Qui donnait l’ordre de produire de la monnaie, pour quel usage? Qui étaient les destinataires des paiements?
– Part monnayée de l’or, de l’argent et du bronze?
– Approvisionnement du marché en monnaies et retour à Alexandrie (monnaies frappées, monnaies coulées, etc)
– Part des taxes perçues en monnaie, selon les époques.
– Part des taxes dans les revenus de l’Etat
– Part des taxes par rapport au nombre de monnaies en circulation.

Gestion des monnaies anciennes et nouvelles :

– Apparition de la monnaie en Egypte, comment est-elle présentée?
– Passage de l’ancien au nouveau système de compte en Egypte lagide
– Retour au système comptable grec sous Auguste, utilisation des monnaies «ptolémaïques» au Haut Empire.
– Passage à l’étalon-or à l’époque byzantine
– Utilisation de la monnaie byzantine et arabo-byzantine aux premiers temps de la conquête.

Les propositions de communication (30mn) sont à envoyer à Thomas Faucher (CNRS, IRAMAT-CEB, Univ. Orléans) à l’adresse suivante : thomas.faucher@cnrs-orleans.fr
La date limite de proposition est fixée au lundi 30 juin 2014.