GABRIELLA LINI – La sculpture architecturale byzantine de la péninsule de Cnide

La sculpture architecturale byzantine de la péninsule de Cnide. Importations et productions locales : les problèmes liés à la méthode de datation.
Gabriella Lini (Université de Genève / Pontifico Istituto di Archeologia Cristiana de Rome)

Au début des années 1970, cinq églises protobyzantines ont été excavées sur le site de Cnide, (Anatolie occidentale) sans avoir fait par la suite l’objet d’une publication détaillée de la part des archéologues qui les ont mises au jour. Une sixième église, bâtie dans le périmètre du nymphée monumental, avait quant à elle été dégagée au milieu du XVIIIe siècle par Sir Charles T. Newton. De ces édifices religieux, seuls quatre conservent encore un certain nombre d’éléments architecturaux sculptés. En outre, la majorité de ceux-ci proviennent de la grande église qui, depuis la terrasse centrale de la ville, dominait le port commercial.

Pour compléter le catalogue de la sculpture architecturale de la péninsule de Cnide, il convient d’ajouter aux éléments retrouvés dans le périmètre de l’ancienne cité une dizaine de pièces diverses conservées à Yaziköy, deux plaques de chancel récemment découvertes sur le site d’Emecik, ainsi que deux chapiteaux de meneau provenant de la région de Datça.

S’il apparaît évident que tous les éléments recensés appartiennent à des typologies bien connues des Ve et VIe siècles, il est néanmoins permis de se demander si, en l’absence quasi-totale d’autres éléments de datation, on peut uniquement se baser sur des critères stylistiques pour déterminer leur période de fabrication.

En effet, des particularités se dégagent de l’analyse de ces pièces. Certaines ont ainsi été

sculptées ex novo dans des blocs de marbre importés, alors que d’autres ont été réalisées à partir de remplois provenant d’édifices d’époque hellénistique ou romaine. Par ailleurs, l’exécution du travail n’est pas uniforme : la qualité peut en effet varier considérablement d’une pièce à l’autre, le décor étant même resté dans quelques cas au stade d’ébauche. Ces divergences nous renvoient par conséquent non seulement aux problèmes liés à une datation stylistique, mais également à ceux de l’organisation des ateliers et du travail des sculpteurs.