JASMINA S. CIRIC – Portails des églises de la Serbie moravienne

Portails des églises de la Serbie moravienne : l’état des recherches et les questions ouvertes.
Jasmina S. Cirić (Faculté de Belgrade)

Depuis longtemps l’intérêt porté à la décoration des portails, à leur iconographie et à leur signification est présent dans les sciences médiévales. À la différence des recherches approfondies sur les époques romanes ou gothiques, la littérature d’histoire de l’art concernant les portails byzantins est d’un cadre plus restreint. Le sujet, dont on parlera, traite des portails des églises de la Serbie moravienne, où ont eu lieu de grandes entreprises de l’architecture tardive byzantine. Les portails diffèrent selon leur situation ou leur fonction dans le cadre de la liturgie, les dimensions, la taille des pierres et la décoration.

Dans les observations, notamment l’analyse formelle, il est indispensable de faire attention aux interprétations faites jusqu’à présent, des problèmes de conservation et de restauration, ainsi que la reconstitution du contexte particulier d’idées où ces portails avaient été produits. La position des portails était directement liée avec la peinture. C’est pourquoi, avec la structure architecturale, le répertoire des motifs, la place et le nombre des portails dans les narthex et les absides latérales, le rôle de la peinture placée le long des portails, seront examinés d’une façon plus détaillée. Au sujet du programme bien conçu de la peinture, auquel appartiennent les présentations des fondateurs, des moines hésychastes fameux et des saints guerriers, l’hypothèse bien fondée se pose : les portails dans l’église byzantine tardive représentent l’interprétation et la modification de l’ancienne métaphore biblique du Christ « Je suis la porte. Qui entre par moi, sera sauvé ».

La décoration dans le tympan des portails, en parallèle avec les présentations des fondateurs et des moines, créent ainsi un code visuel sans égal, un espace où se réunissent des significations multiples, issues de l’ensemble sémantique de la décoration sculptée et peinte.

En estimant que les erreurs et leurs conséquences peuvent être graves, nous avons essayé de démontrer certains problèmes des recherches connues, les questions ouvertes et nouvelles perspectives de la recherche liées aux portails et l’architecture de la fin du Moyen Âge en Serbie.

SVETLANA SOBKOVITCH – Préfigurations mariales dans l’art byzantin avant l’époque paléologue

Préfigurations mariales dans l’art byzantin avant l’époque paléologue.
Svetlana Sobkovitch (EPHE, 5e section)

Fréquente dans la peinture monumentale des derniers siècles de Byzance, la représentation des figures vétérotestamentaires de l’Incarnation est pourtant déjà présente dans l’art des époques précédentes. Comme l’a démontré suite à l’hypothèse de N. Belyaev O. E. Etingof, les bases de cette prolifération sont préparées au 9e – 12e siècle, avec des exemples de la représentation des « types » marials dans les supports variés.

Le mécanisme de la représentation typologique basé sur l’association des scènes des deux Testaments est ainsi établi à l’époque post-iconoclaste, dans les psautiers à l’illustration marginale de la seconde moitié du 9e siècle. Les modèles iconographiques des scènes typologiques tardives se basent également sur les schémas élaborés dans les œuvres médiobyzantines, dont les manuscrits et les icônes.

Ancrées dans l’exégèse, les iconographies en question sont présentes avant tout dans ces supports destinés à un public intellectuel, restreint. Cependant, l’association des figures et des paroles prophétiques à la représentation de la réalisation néotestamentaire de ces oracles se trouve aux époques de l’avant les Paléologues tant dans les supports « savants », tels que les manuscrits et les icônes, que dans les décors monumentaux.

GABRIELLA LINI – La sculpture architecturale byzantine de la péninsule de Cnide

La sculpture architecturale byzantine de la péninsule de Cnide. Importations et productions locales : les problèmes liés à la méthode de datation.
Gabriella Lini (Université de Genève / Pontifico Istituto di Archeologia Cristiana de Rome)

Au début des années 1970, cinq églises protobyzantines ont été excavées sur le site de Cnide, (Anatolie occidentale) sans avoir fait par la suite l’objet d’une publication détaillée de la part des archéologues qui les ont mises au jour. Une sixième église, bâtie dans le périmètre du nymphée monumental, avait quant à elle été dégagée au milieu du XVIIIe siècle par Sir Charles T. Newton. De ces édifices religieux, seuls quatre conservent encore un certain nombre d’éléments architecturaux sculptés. En outre, la majorité de ceux-ci proviennent de la grande église qui, depuis la terrasse centrale de la ville, dominait le port commercial.

Pour compléter le catalogue de la sculpture architecturale de la péninsule de Cnide, il convient d’ajouter aux éléments retrouvés dans le périmètre de l’ancienne cité une dizaine de pièces diverses conservées à Yaziköy, deux plaques de chancel récemment découvertes sur le site d’Emecik, ainsi que deux chapiteaux de meneau provenant de la région de Datça.

S’il apparaît évident que tous les éléments recensés appartiennent à des typologies bien connues des Ve et VIe siècles, il est néanmoins permis de se demander si, en l’absence quasi-totale d’autres éléments de datation, on peut uniquement se baser sur des critères stylistiques pour déterminer leur période de fabrication.

En effet, des particularités se dégagent de l’analyse de ces pièces. Certaines ont ainsi été

sculptées ex novo dans des blocs de marbre importés, alors que d’autres ont été réalisées à partir de remplois provenant d’édifices d’époque hellénistique ou romaine. Par ailleurs, l’exécution du travail n’est pas uniforme : la qualité peut en effet varier considérablement d’une pièce à l’autre, le décor étant même resté dans quelques cas au stade d’ébauche. Ces divergences nous renvoient par conséquent non seulement aux problèmes liés à une datation stylistique, mais également à ceux de l’organisation des ateliers et du travail des sculpteurs.

ELSA ROCCA – Ammaedara (Tunisie) : ville byzantine

Ammaedara (Tunisie) : la ville byzantine, état des connaissances.
Elsa Rocca (Université de Paris IV-Sorbonne)

Dans le cadre d’un doctorat en archéologie sur l’agglomération antique d’Ammaedara et sa campagne (village actuel d’Haïdra, situé au centre ouest de la Tunisie), une communication portant sur la ville de l’Afrique byzantine peut être proposée. Un exposé sommaire du site à travers les problématiques développées par le sujet de thèse pourrait précéder la présentation des données connues sur la cité byzantine et les questions associées à cette thématique. Les limites chronologiques du sujet correspondent à la fondation de la colonie au Ier siècle de notre ère et à la conquête islamique au milieu du VIIe siècle, qui met fin à la présence byzantine en Afrique. La cité est intégrée dans l’Empire byzantin au milieu du VIe siècle avec la reconquête du nord de l’Afrique par Justinien. Un certain nombre d’édifices témoigne de la permanence de la ville au VIe et au VIIe siècle, comme la citadelle justinienne, plusieurs églises restaurées ou construites à cette époque ou encore l’arc dit de Septime Sévère transformé en bastion à l’entrée de la ville. Les monuments byzantins d’Ammaedara sont signalés dès le début du XIXe siècle par les premiers explorateurs et archéologues. Dans les années 1960, les églises ont fait l’objet des premiers travaux de la Mission archéologique à Haïdra sous la direction de Noël Duval. La citadelle et ses aménagements intérieurs sont étudiés depuis 1991 dans le cadre de la Mission franco-tunisienne dirigée dorénavant par le professeur François Baratte et par le Directeur Général de l’Institut national du patrimoine, Fathi Béjaoui. L’étude de ces monuments dans le cadre de la thèse s’intègre à une réflexion sur la topographie, sur les transformations du paysage urbain et les limites de l’agglomération, que l’on tente d’analyser en relation avec l’occupation de la proche campagne.